Lali l'orpheline : 10 critiques + 1 téléchargement gratuit

 


La fin du récit, dans le retournement inattendu qu’elle met en scène, finit de bouleverser tout à fait le lecteur.

Lali L’orpheline met en scène le dialogue d’un père et de sa fille, laquelle, âgée de 20 ans, part en mission en Inde auprès d’enfants abandonnés. L’artificialité des échanges ou l’exacerbation des « bons » sentiments qui pourraient menacer un tel sujet sont vigoureusement tenus à distance par l’intelligence et la subtilité du propos de Thierry Lenain. Au travers des doutes, des interrogations, des découragements de la jeune Marion qui voudrait se consacrer exclusivement à la petite Lali surgissent très finement des émotions ambivalentes, justes et troublantes parce qu’à contre-pied des évidences. La fin du récit, dans le retournement inattendu qu’elle met en scène, finit de bouleverser tout à fait le lecteur.

Au dialogue des personnages se mêle le dialogue du texte lui-même et des images d’Olivier Balez. Sagement ordonnancée par une alternance régulière, l’interaction entre les narrations verbales et visuelles n’en joue pas moins du rythme et des dynamiques portées par les choix marqués des deux instances. Recourant uniquement à une palette bicolore apposée sur le blanc de la page, l’illustrateur qui s’impose au fil de ses albums comme un créateur majeur de la génération actuelle, choisit tour à tour l’évidence de formes pleines simplifiées ou l’élégance de développements ornementaux.

La force du lien unissant le récit et ses illustrations permet d’atteindre de purs instants de grâce, telle cette première double page.... 


... où cette idée magnifique du père qui, accueillant le premier regard de son enfant en devient la « première image du monde », fait jaillir la confrontation visuelle entre les yeux du nouveau né, seul élément noir de la page, et les mains imposantes, accueillantes et bienveillantes du père. Image à laquelle répondra plus loin celle du bébé devenu adulte accueillant à son tour un enfant. [Sophie Van der Linden sur son blog critique spécialisé en littérature illustrée]

La vérité n’est pas, ici, saisissable. Le tour de force de l’auteur c’est sa capacité à provoquer des prises de conscience.

Je suis une médiatrice en lecture et constamment je recherche de bons albums qui s’adressent aux lecteurs de 10 ans et plus. Plusieurs d’entre eux traitent de sujets sociaux, suscitent questions et réflexions. Grâce à eux, une animation en lecture se transforme en un échange signifiant.

Cette semaine, j’ai présenté l’album « Lali l’orpheline » à des élèves de 6e année du primaire. On y raconte le voyage en Inde de Marion, une jeune adulte qui désire travailler dans un orphelinat pendant quelques mois.
C’est une simple histoire d’une jeune fille issue d’un pays riche qui débarque dans un pays pauvre pour offrir son aide. C’est simple jusqu’à ce que l’auteur pose cette question : « Peut-on faire du mal quand on croit faire du bien? »

Un mot après l’autre, l’histoire de Thierry Lenain a grappillé l’attention de tous les élèves. Je les ai vus se gratter la tête et froncer les sourcils...
· Peut-on devenir important dans la vie d’une petite orpheline pendant trois mois et disparaître ensuite, pour toujours?
· À qui fait-on le plus de bien en rendant service? À soi ou à l’autre?

Les réponses à ces questions ne sont pas si importantes. La vérité n’est pas, ici, saisissable.
Le tour de force de l’auteur c’est sa capacité à provoquer des prises de conscience. J’aime ça.  [Lala lit Lalère !]
Un roman graphique qui invite à réfléchir, sans la moindre maladresse, évitant habilement les réponses moralisantes et les fausses évidences.

Si Marion est née en Europe sous le regard ébloui et bienveillant de son papa, Lali, elle, ne connaît que la pièce dénudée de l’orphelinat indien dans lequel elle est couchée, jour et nuit. L’amour que l’une a reçu en abondance, l’autre en a manqué dès le premier jour. Et c’est la rencontre de ces deux graines de femmes que Thierry Lenain – auteur et père de la jeune Marion – nous conte.

Marion a vingt ans lorsqu’elle se rend en Inde pour donner trois mois de son temps à l’établissement des Cœurs-Oubliés de Sainte-Anita. Sa mission humanitaire au pays des couleurs et des épices s’avère une aventure déroutante. Accepter de ne pouvoir offrir son aide à tous alors que l’orphelinat emploie « si peu de mains pour tant d’enfants » est d’emblée bouleversant. De même, s’attacher ensuite profondément à la petite Lali, une fillette muette recroquevillée parce qu’elle ne tient pas debout, sachant qu’au terme de son séjour, l’orpheline sera à nouveau privée de cette affection passagère, semble insurmontable aux yeux d’une européenne élevée dans le respect des valeurs.

Le temps du voyage de Marion, Thierry Lenain a été le papa désemparé qui, à des milliers de kilomètres et à travers le fil du téléphone, entendait les doutes et remises en question de sa fille. En l’encourageant à communiquer avec Lali, il a su lui redonner confiance, tout en la laissant libre de chacun de ses choix :

- Qu’importe la langue, Marion, seuls comptent les mots…
- Elle est peut-être sourde !
- Serre-la davantage contre ton cœur, Marion. Même sourde, elle t’entendra.


Comme à son habitude, l’auteur livre un texte beau et fort. L’émotion qui s’en dégage est ici renforcée par le talent d’Olivier Balez : ses illustrations en bichromie – noir et curry – sur papier crème sont d’une intensité remarquable. Un roman graphique qui invite à réfléchir, sans la moindre maladresse, évitant habilement les réponses moralisantes et les fausses évidences. [Claude-Anne Choffat, Ricochet]
Doit-on vraiment s’interdire d’aimer par peur d’abandonner, d’être abandonné, par peur d’être égoïste?

Un papa parle de sa fille, Marion, partie en Inde pour une mission humanitaire dans un orphelinat. A son arrivée, tour à tour enthousiaste, déroutée, atterrée, Marion rencontre Lali, abandonnée de tous, et décide de lui consacrer le peu de temps dont elle dispose. Plus que du temps, c'est de l'amour qu'elle lui donne... Mais très vite, se pose la question: Peut-on faire du mal en croyant faire du bien?

Comme à son habitude, c'est un album empreint de sentiments, d'émotions, que nous livre ici Thierry Lenain. Une fois de plus, c'est un père qui parle, qui parle de sa fille, qui parle à sa fille. Sa fille qui a son tour, le temps d'une mission, devient un peu mère...

Est-ce de la méchanceté que de donner de l'amour quand on sait que l'on devra quitter la personne aimée? Est-ce égoïste de vouloir aider les autres quand on sait que cela nous aide, nous fait grandir, nous enrichit?

Doit-on vraiment s'interdire d'aimer par peur d'abandonner, d'être abandonné, par peur d'être égoïste? 

C'est un album qui interroge, et nous amène à nous interroger sur nos actes d'amour, nos actes altruistes qui le sont bien rarement. Car finalement, peut-on vraiment donner de l'amour sans rien recevoir en retour, pas même un soupçon de satisfaction personnelle? Et doit-on vraiment pour cela s'interdire de le faire?

J'aime ce père, qui accompagne sa fille sans obligatoirement guider systématiquement ses pas, qui lui donne la liberté de choisir sa voie, et la regarde grandir, devenir femme, devenir mère. En tant que fille, je me suis souvenue de mon papa, des grandes discussions que nous avons eu, à une époque où les choix étaient difficiles pour moi. Il m'a toujours laissé le choix, là où ma mère m'imposait... Mais finalement, ce sont ses paroles à lui qui résonnaient, et ce sont ses paroles qui m'ont aidées à grandir, à évoluer, à tracer mon chemin, à devenir plus forte, et indépendante, à me stabiliser, quand ma mère m'a appris à me révolter, à me protéger, à me méfier... J'ignore si tous les pères sont capables de cet amour, mais en tout cas, il est extrêmement honorable et bienfaiteur.

J'aime aussi cette jeune fille, qui part en mission humanitaire telle la chenille qui tisse sa chrysalide, pour en sortir papillon... Blessée par les paroles d'une infirmière blasée, qui a baissé les bras depuis longtemps, blessée par la peur de faire du mal à une enfant...

J'ai aimé que, comme dans la vie, aucun échange ne fonctionne à sens unique, et chacun apprend de l'autre:
- le père apprend à devenir le père d'une adulte
- la fille apprend à devenir adulte, à faire des choix
- l'enfant et l'infirmière apprennent aussi... mais à vous de le lire maintenant, pour découvrir ce qu'elles apprennent! :D

C'est donc un album à ne pas rater, conté avec brio par Thierry Lenain, et illustré avec beaucoup d'émotions par Olivier Balez, dont j'admire une fois de plus le travail inestimable, car il sait quoi nous donner à voir pour nourrir notre imaginaire sans l'entraver, même sur des récits très réalistes. [Minifourmi]


Le silence qui a suivi ma lecture en disait long.

Je reviens sur ce livre dont je vous avais brièvement parlé ici.
Parce que vraiment ce texte est très touchant et qu’il mérite qu’on s’y attarde.
Voici donc l’histoire de la toute jeune Marion qui quitte sa famille et son pays pour offrir de son temps, de son énergie, de son amour à des orphelins d’Inde. On l’imagine dévorée par son envie d’offrir à ceux qui n’ont plus rien ce qu’elle à sans doute reçu en belle quantité dans son enfance : de l’amour et de l’attention.
Rien que ça, chapeau bas Mademoiselle !
Je ne peux m’empêcher de penser à ce que j’ai entendu il y a quelques semaines : d’après un sondage (?), les jeunes seraient égoïstes et feignants ! Je ne sais pas où les sondeurs ont trouvé ça (un panel de vieux ronchons sans doute), mais je connais beaucoup de jeunes qui, au contraire, militent et s’engagent dans diverses associations, partent à l’autre bout du monde donner un peu d’eux-mêmes avec tout l’enthousiasme et la passion de leur 20 ans.
Mais une fois de plus, je m’égare…
Au-delà de cet engagement, ce texte pose une vraie question. Il a comme sous-titre : « où l’on se demande si l’on peut faire du mal en croyant faire du bien ». En voilà un sacré débat !
Marion, dans son orphelinat, va rencontrer Lali, une petite fille mal née, malmenée, abandonnée. Alors, elle va la prendre dans ses bras, lui parler, la câliner et lier avec elle de vrais liens d’affection. Lali fera même d’infimes progrès. Oui mais voilà, alors que Marion, fière et heureuse pense trouver du soutien auprès du personnel de l’orphelinat, voici ce que lui dit une infirmière :
«  Toi, dans deux mois, tu partiras. Dans deux mois, tu laisseras Lali toi aussi, comme ses parents l’ont laissée. Lali sera alors deux fois plus abandonnée, deux fois plus seule et triste qu’elle ne l’était quand tu l’as rencontrée. Tu es remplie de joie pour toi. Tu n’es pas venue pour Lali, Marion, tu es venue pour toi. »
Brutal n’est-ce-pas ?
Et que t’interrogations face à cette réaction… Mine de rien, le texte de Thierry Lenain sème là une petite graine qui fait les grandes questions.
Alors, comme à chaque fois que je tombe sur un texte fort, j’ai eu envie de le lire à une classe. Ce fut hier, avec des CM1. Je crois qu’à un moment de ma lecture j’ai vu des yeux s’emplir de quelques larmes, peut-être au moment où ma voix s’est brisée. L’émotion se partageait, la sensibilité de ces mômes s’accrochait aux mots, nous étions tous Marion.
Le silence qui a suivi ma lecture en disait long.
On a ensuite un peu discuté, juste un peu, pour décompresser. Car je ne me sens pas d’entamer un débat qui me dépasse et puis, mes lectures sont offertes, ils y réfléchiront sans doute… Ou pas. Si j’ai juste ouverte une toute petite fenêtre, je suis contente. [Isabelle, bibliothécaire de Rochechouart]


Sublime, émouvant, intelligent, bouleversant.

Marion part en Inde dans un orphelinat pour une mission humanitaire. Elle y découvre
« …les enfants trainant sur le sol où ils passaient leur journée.». Elle est désemparée et téléphone régulièrement à son père. Elle y rencontre Lali
« enfant muette qui ne tenait pas debout…
Lali, enfant mal née.
Lali, enfant malmenée.
Lali, enfant abandonnée… ».
Elle lui donne toute son affection, tout son amour… Mais l’infirmière amère l’interroge :
« toi, dans deux mois tu partiras. Dans deux mois, tu laisseras Lali toi aussi, comme ses parents l’ont laissée… Tu n’es pas remplie de joie pour Lali, Marion. Tu es remplie de joie pour toi. Tu n’es pas venu pour Lali, Marion, tu es venue pour toi.»
« Est-ce que c’est vrai qu’on peut faire du mal quand on croit faire du bien ?»
Marion prendra sa décision aidée par les précieux conseils de son père.
Une magnifique histoire d’amour entre une fille (Marion) et son père (le narrateur), entre Marion et Lali l’orpheline. [Médiathèque Terre et Mer de Saint Raphaël ] 


Voilà la question que pose cette histoire : peut-on faire du mal en croyant faire du bien ?

Toi, dans deux mois, tu partiras. Dans deux mois, tu laisseras Lali toi aussi, comme ses parents l’ont laissée. Lali sera alors deux fois plus abandonnée, deux fois plus seule et triste qu’elle ne l’était quand tu l’as rencontrée.

Voilà la question que pose cette histoire : peut-on faire du mal en croyant faire du bien ?

Le texte de Thierry Lenain se lit avec poésie et tendresse. Il a choisi comme narrateur le père de Marion, à qui elle raconte sa vie en Inde. En nous racontant l’expérience de sa fille, on entend l’amour qu’il a pour elle. Les phrases sont courtes, pleines de tendresse et d’émotions. Ce sont les sentiments du père et de la fille qui se mélangent dans ces mots.
Les illustrations d’Olivier Balez ont cette même simplicité. Les personnages peints en noir se rapportent à des ombres pour que chaque lecteur puisse s’y identifier. La seule couleur est ce jaune d’or qui illumine d’espoir cette belle histoire…
Ma première découverte de cette collection est très réussie. Les thématiques philosophiques sont toujours délicates à aborder avec des enfants. Ces courts romans permettront dès le collège d’évoquer ces notions et d’en discuter grâce à un exemple concret.»  [Sophie, la littérature jeunesse de Judith et Sophie]


Les illustrations servent subliment ce texte puissant et font passer les émotions intensément.

Tu avais rendez-vous dans un orphelinat, celui des coeurs oubliés de Sainte-Anita, auquel tu voulais donner trois mois de ton temps. Mais ta première journée las-bas t’a laissé désemparée. tu as découvert les enfants traînant sur le sol où ils passaient leur journée.” Le récit d’une rencontre bouleversante entre ces deux êtres: Marion qui a besoin de donner beaucoup d’amour et Lali, enfant abandonnée, qui elle a besoin d’en recevoir. Toutes deux vont tenter de s’accompagner sur les chemins de la vie…”

C’est une grande histoire, prenante, forte qui emmène à la réflexion, à poser de grandes questions.
En effet, Marion dans cet orphelinat rencontre des enfants malmenés par la vie dès leur naissance, et en particulier Lali avec laquelle, elle tisse rapidement un lien très fort et apporte un peu de joie à la fillette.

Mais le séjour de Marion, dans cet orphelinat en Inde, dure trois mois. Et quand elle ne sera plus là, Lali ne se sentira-t-elle pas abandonnée et encore plus malheureuse qu’avant? Ne fait-elle pas du mal en croyant faire du bien?

Les illustrations sont en bichromie (comme toujours pour cette collection), une couleur plus le noir. Ici la couleur utilisée est le caramel. Elles servent subliment ce texte puissant et font passer les émotions intensément. J’ai été extrêmement touché par ce livre. C’est triste, beau, fait réfléchir!!! [le Blog à Malices de MamaSanKawaz]


Une belle leçon d'amour et de vie.

 Ce texte parle d'amour tout simplement entre un père et sa fille et entre sa fille et une orpheline handicapée. Marion a vingt ans et elle a décidé de partir en Inde donner de son temps dans un orphelinat. Et là, c'est le choc : elle découvre un monde qu'elle ne soupçonnait pas, elle découvre les illusions perdues, elle découvre l'abandon d'une enfant, elle découvre le jugement de l'institution à travers l'infirmière...mais elle retrouve son doudou, là, sur le sol, dans ce triste orphelinat, le même que le sien bébé, et c'est comme un signe que c'est bien là qu'elle doit être. Et elle va ouvrir les yeux sur Lali, elle va ouvrir Lali à la vie...non sans doutes, non sans questionnements du haut de sa jeune vie, à elle aussi. Et elle se raccroche à ce fil, le fil du téléphone, où à l'autre bout son père l'écoute, la guide mais sans lui dire ce qu'elle doit faire ou ne pas faire, comme un cordon invisible qui les relie encore un peu mais que le père sait que, inévitablement, il va se rompre bientôt pour laisser son enfant prendre son envol au secours d'une autre enfant, comme un passage de relai. Et cette phrase, magnifique, qui résume à elle seule ce qu'est toute forme d'amour : "Est-ce que c'est vrai qu'on peut faire du mal quand on croit faire du bien ?". Je vous laisse découvrir la fin... Les illustrations d'Olivier Balez apportent juste ce qu'il faut au texte. Une belle leçon d'amour et de vie. Tout simplement merci. [Méli-Melo de Livres]


Les illustrations en or, noir et blanc d'Olivier Balez offrent une modernité et comme une abstraction à l'histoire

Tout l'art du livre réside dans les actes de cette jeune femme... des gestes beaux, tendres, généreux... affectueux, maternants. De ce parti-pris tendre, de ce que Marion reproduit des signes d'affection de son père quand elle était petite enfant. C'est tout cet amour filial qui transpire, cette affection devenue connivence... de cet aveu d'impuissance après. Parce que oui on peut faire du mal en voulant faire du bien... ou presque. Mais là Marion doit prendre sur elle, offrir d'elle et de la pertinence, de la vérité. Les illustrations en or, noir et blanc d'Olivier Balez offrent une modernité et comme une abstraction à l'histoire. Très beau parti-pris. Magnifique histoire d'affection, de limite, mais aussi de ce qu'un geste peut apporter. [Paperblog]