Vive la France, vive la différence et l'égalité pour tous !



(par Mélanie, sur le site de la Fnac)

A l'école, avant, Lucien était chef de bande. « Dans sa bande, il y avait : Anaïs, Benjamin, Judith, Jérôme, Lâo, Loïc, Manuel, Karina et Mathieu. Mais aujourd'hui, c'est terminé ».
Aujourd'hui, il se retrouve tout seul. Pourquoi ? Et bien tout a commencé lorsqu'une nouvelle élève est arrivée. Elle s'appelait Khelifa. Alors que les autres enfants ont voulu l'intégrer à la bande, Lucien a refusé. Pourquoi ? Parcequ' « elle est arabe ! » et « arabe, ce n'est pas pareil que nous ! ».
Du coup après, tout est parti de travers car pour faire partie de la bande, tous les parents et grands-parents devaient parler français, donc Lâo et Manuel, sont partis. Les filles qui essaient de s'interposer quittent le groupe car elles n'ont pas le droit à la parole, surtout si c'est pour contredire Lucien. Benjamin suit le mouvement quand Lucien l'insulte en le traitant de « Bouboule ». Puis, c'est le tour de Mathieu et Loïc qui ne veulent pas se battre avec leurs camarades quand Lucien le leur demande...
Du coup il se retrouve tout seul, et lorsque Khelifa vient le voir pour l'inviter à jouer, il ne trouve rien d'autres à faire que d'aboyer: « vous n'êtes pas comme moi !».

C'est avec beaucoup d'humour que Thierry Lenain nous raconte une histoire bien écrite sur les préjugés, le racisme et la dictature. Ce petit roman dès 6 ans peut se lire comme une pièce de théâtre, notamment grâce aux dialogues entre les personnages mais aussi grâce aux didascalies qui donnent le ton. Il réussit en un texte assez court à parler d'intolérance, de racisme, de différence, de méchanceté, de misogynie, de peur, de solitude mais aussi d'amitié, de liberté (avec le choix de chacun de rester ou non dans le groupe), d'égalité et de fraternité (tous différents mais tous égaux), qui représentent la devise de notre République, et qui trouve son origine à la Révolution française.

Ce qui est intéressant c'est le changement de comportement des enfants. Au départ, Lucien est le chef de bande, mais il perdra ses amis petit à petit, au départ à cause de son refus d'intégrer Khelifa, mais surtout à cause de son comportement méchant et insultant. Au final, Lucien se fait du mal tout seul car il s'est isolé des autres qui continuent à jouer ensemble. En excluant d'office la nouvelle élève, il s'est exclu lui-même des autres par son comportement. On peut y voir là, un reflet du monde des adultes avec la peur de l'autre qui entraine souvent une stigmatisation.
Le dessin de Delphine Durand est très expressif ce qui illustre très bien le propos. Hilarant ce petit Lucien avec toutes ses expressions.

Un roman idéal pour apprendre aux enfants la différence, la tolérance et l'égalité, notamment en cette période électorale où les amalgames et les raccourcis sont malheureusement nombreux.

Mélanie, 31 mars 2012