Ma toute première publication


La première fois que j'ai écrit pour les enfants, c'est en 1982, et ce n'est pas dans un livre que ça a été publié, mais dans une revue. J'avais écrit une lettre que j'ai proposée au Courrier des lecteurs (appelés "Chacopains") d'une de leurs revues qui existait déjà à l'époque, Virgule. Depuis, j'ai appris que le rédac' chef de cette revue s'appelait Pef. Mais bon, de toutes façon, à l'époque, je ne savais pas qui c'était, Pef. Donc le n°30 de Virgule a publié ma lettre adressée aux enfants. Qui sait, c'est peut-être ça qui m'a donné envie de continuer à leur écrire, quelques années plus tard...

Un instituteur écrit aux Chacopains

Je suis instituteur remplaçant (celui qui vient quand votre instit est absent). Dans de (trop) nombreuses écoles, j'ai l'occasion de constater le travail et l'acharnement de l'habitude:

1- Quand la cloche sonne (il y en a encore, pourquoi ?) les rangs (il y en a encore, pourquoi ?) se forment avec les filles d'un côté, les garçons de l'autre. Et les filles entrent les premières dans la classe: ça s'appelle la galanterie, paraît-il. Moi, je trouve plutôt que c'est de la bêtise...

2. Dans les classes, combien de fois ai-je vu les filles regroupées ensemble, les garçons de même !

3. Et alors, et surtout, et ça m'énerve! En éducation physique: les garçons avec leur ballon de foot et les filles à jouer au mouchoir... ou à prendre le soleil!

Cette situation est d'ailleurs parfois encouragée par les instituteurs et les institutrices: «Bon, les filles ici, les garçons là bas.» Et oui, ces instits
sont aussi des victimes de l'habitude!

En sport (foot, basket) je les ai fait jouer en équipes mixtes: moitié filles, moitié garçons dans chaque équipe. Bien sûr, au début, les garçons grognaient... Bien sûr, au début, les filles restaient plantées, hésitaient... Puis, elles se sont enhardies, ont foncé et en ont étonné plus d'un (garçon !). Je crois bien d'ailleurs qu'elles se sont surprises elles-mêmes.

Alors, que diable, les filles! Vous avez deux jambes, deux pieds, deux bras... et une tête (pour penser à tout ça). Alors? Ne restez plus sur les bords des terrains. Secouez votre instit si l'habitude l'endort. N'acceptez plus d'être mises ou d'aller à part comme si vous étiez incapables de vous servir de votre corps. Discutez avec les garçons de tout ça. Et bougez ! Mais tenez bon, l'habitude est tenace...

Thierry