L'album se referme sur une amplitude. Celle d'une fleur qui pousse de toutes ses forces et s'enracine, au-delà du temps.


A mourir pour mourir... Autant savoir où l'on part... Moi, Dieu me l'a révélé... Enfin... Thierry Lenain m'est (ré)apparu, il m'a offert la réponse, et plus encore... Son dernier album est un cadeau. Un bijou dans l'écrin des illustrations de Claude K. Dubois ! Dès le titre, sous forme de question enfantine, je me savais conquise : j'aime plus que tout leurs récits à hauteur d'enfant.

« Où es-tu parti, Papi ? » c'est une question de vie et de mort...

L'album s'ouvre sur une solitude. La silhouette d'une enfant, perdue dans ses pensées... Ou en communion ?...

«Amel m'a dit que les papis qui s'en vont, ils restent dans la terre.» «Carlos, lui, il m'a dit que les papis qui s'en vont, ils vont tout là-haut dans le ciel.» «Papi, Jennifer, elle, elle m'a dit que les papis qui s'en vont, ils renaissent un jour...»

Sofia égrène leur complicité et les traits de caractère du grand-père absent, en s'adressant à lui, pour qu'il réponde lui-même à la question sur laquelle chacun.e de ses amis a une idée. Or, rien ne correspond à ce qu'elle a vécu avec lui ! Lui qui ne répond pas... Et c'est bien songeuse qu'elle se couche, sans avoir osé se confier à ses parents, pourtant attentifs à sa tristesse. Mais sa question relève de l'intime et c'est dans l'intimité de sa chambre, en rêve avec Papi, qu'elle obtient enfin SA réponse...

L'album se referme sur une amplitude. Celle d'une fleur qui pousse de toutes ses forces et s'enracine, au-delà du temps.

Ce n'est pas la 1e fois que T. Lenain interroge la mort et convoque rêves et souvenir contre le chagrin. Mais il va ici, à mon sens, un peu plus loin. Quand, dans ses très beaux Tu existes encore, ou Au secours les anges, poignants, il n'était question "que" de cœur et d'amour, entre-soi, il y a dans ce Où es-tu parti, Papi ? un beau parfum d'universalité, puissant comme le ciel et la mer, et la vie qui continue.

Que la joie demeure!

Les illustrations de Claude K. Dubois, d'une douceur et d'une émotion infinies, magnifient un texte fort, et tendre, et léger comme l'enfance. Ou l'inverse. Il fallait bien 2 grands noms de la litterature jeunesse et de la sensibilité pour répondre à toutes les Sofia de la Terre !

Séverine Vincent Comte, sur son Instagram sev_se_livre