Taxi Poto-Poto : les collègues d'Imani dans un recueil de nouvelles

Paru en mars dernier, en premier opus de la collection Koala qui a pour volonté «de mettre en lumière les artisans du tissu social et économique des grandes villes africaines», le recueil de nouvelles Taxi Poto-Poto donne carte blanche à un collectif de neuf auteurs pour se glisser dans la peau d'un chauffeur de taxi. Car «ce mode de transport, qu'il soit traditionnel ou "ubérisé", est au cœur de l'effervescence urbaine. De plus en plus de femmes s'emparent de ce métier essentiellement réservé aux hommes, et qui demeure un des maillons essentiels de la vie de la communauté.»

Le chauffeur qui, comme Imani, roule dans les rues de Libreville, c'est Ovenga, 52 ans. Enfant, il rêvait de devenir médecin. Mais le temps a passé... 

Lors de ses courses, Ovenga profite de chaque monument ou bâtiment croisés, de chaque nom de rue empruntée, pour évoquer l'histoire qui a fait sa ville au gré des époques. Parce que, dit-il en faisant référence à Stéphane Hessel : «pour tirer des leçons de son histoire il faudrait avant tout la connaître. Mais combien de gens d'ici aujourd'hui connaissent l'histoire de leur ville, combien connaissent les différents rois qui ont gouverné Libreville ainsi que la situation géographique de leurs villages-royaumes respectifs peuplés de différents clans ?»

Et si, à ses rappels de faits historiques trop souvent et dommageablement oubliés à son goût, il ajoute certains de ses regards sur la société gabonaise, ce n'est pas «comme le rapportent les mauvaises langues» parce qu'il se mêlerait «de tout ce qui se passe à Libreville». Mais parce que, explique-t-il : «je me permets seulement de vous raconter des choses que j'entends que je vois et vis.»

C'est ainsi, alors que ses mains tiennent le volant, qu'il dépose dans la nouvelle Faces cachées à Libreville de ce recueil, sous la plume de Boris Sanadin, ses connaissances et ses réflexions, pour mieux «trouver un ancrage dans les valeurs authentiques, et bien marquer mon attachement à la terre qui me porte

Qui sait... peut-être a-t-il déjà eu l'occasion d'échanger à propos de tout cela, en prenant un café, avec sa collègue Imani ? 

«Trafic congestionné et écarts des fous du volant sont le lot quotidien des chauffeurs de taxi qui circulent jour et nuit dans la ville africaine.» Les autres villes qu'on parcourt dans ce recueil : Brazzaville, Kinshasa, Cotonou, Abidjan, Pointe-Noire, Dakar, Yaoundé, Lomé, sous les plumes de : Sarah Assidi, Fann Attiki, Assia-Printemps Gibirila, Ramcy Kabuya, Ndèye Fatou Kane, Hem'sey Mina, Marien Fauney Ngombé, Léa N'Guessan — aux éditions Les Lettres Mouchetées, sous la direction de Marien Fauney Ngombé.

Pour terminer ce post en chanson: 

Le taxi d'Imani, Albin Michel jeunesse , Thierry Lenain, Olivier Balez. Articles sur cet album : ici.

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